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La "quête de la Palestine" au coeur du festival du film du Caire

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  • 2024-11-15
La "quête de la Palestine" au coeur du festival du film du Caire

Alsharq Tribune- Mohamed Otaify

L'histoire d'un voyage en voiture typiquement palestinien, à travers les camps de réfugiés et les points de contrôle israéliens, occupe le devant de la scène dans le film du réalisateur Rashid Masharawi, présenté cette année au Festival international du film du Caire.

"Il s'agit d'une quête de foyer, de la Palestine, de nous-mêmes", a expliqué mercredi à l'AFP le réalisateur, après la projection de son nouveau film "Passing Dreams" (Rêves passagers) en première mondiale.

Il a donné le coup d'envoi au plus ancien festival du film du Moyen-Orient, qui s'est ouvert sur un spectacle de danse traditionnelle interprété par une troupe de la bande de Gaza ravagé par un assault israélien depuis plus d'un an. Le film de Rashid Masharawi raconte l'histoire de Sami, un garçon de 12 ans accompagné de son oncle et de son cousin qui se lancent à la recherche de l'oiseau qui s'est envolé de leur maison dans un camp de réfugiés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

On lui a dit que les pigeons retournaient toujours à leur lieu de naissance. La famille tente de "suivre l'oiseau chez lui", à bord d'un petit camping-car rouge du camp de réfugiés de Qalandia et Bethléem, en Cisjordanie, jusque dans la Vieille ville de Jérusalem, puis la ville de Haïfa, dans le nord d'Israël. Leur odyssée se mue en une sorte de "Nakba" ("Catastrophe), mais dans le sens inverse:

la famille avait quitté sa ville natale de Haïfa pendant l'exode forcé des Palestiniens en 1948, lors de la création de l'Etat d'Israël. "Ce n'est pas une coïncidence si nous traversons des lieux qui ont une signification profonde pour l'histoire palestinienne", a expliqué jeudi le réalisateur au public.

"Langage du cinéma"

Ce récit doux-amer contraste avec l'autre projet du cinéaste présenté au festival, "From Ground Zero", une anthologie qu'il a supervisée, composée de 22 courts-métrages de cinéastes gazaouis durant la guerre en cours. Pour ce projet, Rashid Masharawi, premier réalisateur palestinien officiellement sélectionné au Festival de Cannes pour son film "Haïfa" en 1996, a "voulu servir de pont entre le public mondial" et les réalisateurs palestiniens sur le terrain.

En avril, il déclarait à l'AFP que cette anthologie visait à dénoncer "le mensonge de la légitime défense", justification avancée selon lui par Israël pour bombarder Gaza. Entrée dans sa deuxième année en octobre dernier, Israël a causé la mort de plus de 43 000 palestiniens et détruit le système de santé à Gaza. Avec la fermeture, par Israël, des passages frontaliers, notamment celui de Rafah, des centaines de milliers de Palestiniens se retrouvent confrontés au spectre de la famine. Un Comité spécial de l'ONU chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes a affirmé, jeudi 14 novembre, que les méthodes de guerre employées par Israël dans la bande de Gaza "correspondent aux caractéristiques d'un génocide".

"En tant que cinéastes, nous devons documenter cela à travers le langage du cinéma", a insisté Rashid Masharawi. Pour lui, le cinéma "défend notre terre bien mieux que n'importe quel discours militaire ou politique"

"Films sous occupation"

Le réalisateur de 62 ans, coiffé de son chapeau de feutre emblématique, appelle aujourd'hui à une approche alternative du cinéma palestinien. "Notre cinéma ne peut pas toujours être une simple réaction aux actions israéliennes, il doit être une action en soi", a-t-il affirmé. Réalisateur autodidacte, né dans un camp de réfugiés de Gaza avant de s'installer à Ramallah, Rashid Masharawi connaît bien les "obstacles à la réalisation de films sous occupation", entre "murs de séparation, barrages et restrictions".

Comme la famille qui suit l'oiseau dans le film, "vous ne savez jamais si les autorités vous laisseront aller où vous voulez", selon le réalisateur, d'autant qu'il refuse "par principe" de demander des autorisations aux autorités israéliennes. Son équipe a alors souvent recours à des stratagèmes, notamment en "faisant entrer clandestinement" des acteurs de Cisjordanie qui ne sont pas autorisés à se rendre à Jérusalem. "Si vous demandez (aux autorités israéliennes) la permission de tourner à Jérusalem, vous leur donnez la légitimité de considérer Jérusalem comme leur propriété", a-t-il déclaré jeudi, sous les applaudissements des spectacteurs, dont beaucoup portaient des keffiehs palestiniens.

Cette année, le cinéma palestinien occupe une place de choix au festival du Caire, avec plusieurs films projetés et un concours pour récompenser le meilleur des 22 cinéastes de "From Ground Zero". Le président du festival, Hussein Fahmy, s'est dit solidaire "avec nos frères de Gaza et du Liban", eux aussi touchés par les bombardements israéliens.

 

 

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