Alsharq Tribune- Suivis
L'heure sera à la mobilisation du côté syndical ce jeudi 1er mai au Luxembourg. L'objectif des leaders de l'OGBL, comme du LCGB étant de mobiliser leurs troupes en vue de la grande manifestation commune du 28 juin pour dire stop à la politique du gouvernement Frieden.
Hasard du calendrier, c'est à partir de ce 1er mai que les salaires et les pensions seront augmentées au Luxembourg, après des mois de ralentissement de l'inflation qui ont repoussé le déclenchement de l'index. Une des seules bonnes nouvelles concrètes pour les salariés qui ont appris, pas plus tard qu'en début de semaine, qu'ils travailleront vraisemblablement plus longtemps à l'avenir avant de pouvoir prétendre à la retraite.
Pour les deux plus grands syndicats du pays, OGBL et LCGB, la confrontation directe avec le gouvernement CSV-DP est inéluctable. "Nous avons suffisamment d'arguments pour être fâchés", avait lancé Nora Back au micro de RTL fin mars, alors qu'elle venait tout juste d'être réélue pour cinq nouvelles années à la tête du puissant syndicat. Elle avait déjà annoncé la couleur en expliquant que la grande mobilisation prévue le 28 juin aurait bien lieu.
Même si elle doit se dérouler dans la bonne humeur du côté de la piscine de Remich pour le LCGB (Patrick Dury prononcera son discours à 10h30) ou du côté de l'abbaye Neumünster à Luxembourg pour l'OGBL (Nora Back s'exprimera à 11h), cette Fête du travail 2025 sera l'occasion de mobiliser les troupes avant de descendre dans la rue.
Car pour les syndicats, la coupe est pleine. Fin janvier, OGBL et LCGB, qui font front commun depuis l'automne contre la politique sociale jugée propatronale du Premier ministre chrétien-social Luc Frieden, avaient lancé d'une même voix un ultimatum au gouvernement. Le front syndical s'est forgé par accumulation de ce que les syndicats ont qualifié d'"attaques permanentes contre le modèle social luxembourgeois".
La flexibilisation des horaires d'ouverture des commerces décidé unilatéralement par le gouvernement et le travail dominical élargit à huit heures, défendu par le ministre du Travail, Georges Mischo, sont restés en travers de la gorge des syndicats. Tout comme la "grande table ronde sociale" annoncée par Luc Frieden en janvier, mais qui n'a toujours pas eu lieu.
Ils se sentent écartés du débat sur la réforme des retraites mené par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, lui reprochant une coûteuse et infructueuse consultation publique. Seule 0,3 % de la population concernée y a participé. Le rapport publié lundi par l'OCDE pour réformer le système de pension suggère notamment relever le taux de cotisation des salariés et des patrons, et propose d'augmenter l'âge de départ à la retraite, très avantageux au Luxembourg. Nul doute que les défenseurs des salariés s'en serviront ce 1er mai pour alimenter leurs moulins.
Mais ce qui a le plus affecté les deux syndicats, c'est d'avoir été attaqué sur une de leur prérogative fondamentale, c'est-à-dire le pouvoir négocier et signer ou non, les conventions collectives de travail.
La hache de guerre avait été déterrée à l'automne par le ministre du Travail en suggérant qu'à l'avenir les conventions collectives pourraient être négociées au sein des entreprises sans présence syndicale. Bien que le gouvernement ait fait marche arrière entretemps, les syndicats y lisent la tentation de "détruire notre modèle social". Alors même que ce modèle reste la "clé" de sortie des crises au fil du temps et de la paix sociale au Luxembourg.