Alsharq Tribune- Mohamed Otaify
L'armée sud-soudanaise a bombardé lundi des positions rebelles dans le Nord-Est, a annoncé le ministre de l'Information Michael Makuei Lueth, un nouveau signe des tensions croissantes dans ce pays pauvre et instable.
"Notre aviation a bombardé Nasir", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse. Plus de vingt personnes, dont des enfants, ont été tuées, a estimé un responsable local interrogé par des médias sud-soudanais.
Ces bombardements font partie d'"opérations sécuritaires" et "si des civils se trouvent avec les forces (rebelles, NDLR), il n'y rien que nous puissions faire", a justifié M. Lueth.
Le comté de Nasir, qui se trouve dans l'Etat du Haut-Nil, a été le théâtre de combats entre des forces loyales au président Salva Kiir et "environ 6.000 combattants de l'Armée blanche", un groupe armé réunissant des jeunes de l'ethnie nuer du vice-président Riek Machar, qui sont parvenus le 4 mars à prendre un camp de l'armée sud-soudanaise, selon l'Igad, un bloc d'Etats d'Afrique de l'Est.
Le ministre de l'Information a par ailleurs confirmé le déploiement, dans le cadre d'un "pacte militaire", de forces ougandaises dans la capitale Juba, dont les autorités sud-soudanaises niaient jusqu'ici l'existence.
Ces tensions poussent le Soudan du Sud "toujours plus aux portes de la guerre", a alerté mercredi l'Igad. Le Soudan du Sud est entré dans une "régression alarmante qui pourrait anéantir des années de progrès vers la paix", a également relevé Yasmin Sooka, présidente de la commission onusienne sur les droits de l'Homme dans le pays.
Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le pays est en proie à des violences qui l'empêchent de se remettre de la sanglante guerre civile qui a opposé le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar.
Ce conflit avait fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu'un accord de paix a été signé, accord désormais menacé par les nouveaux affrontements dans le Nord-Est.
Début mars, un hélicoptère de l'ONU, qui effectuait une mission de sauvetage de soldats sud-soudanais, a été ciblé par des tirs, tuant un membre de l'équipage et un général sud-soudanais. Plusieurs proches du vice-président Machar ont également été arrêtés.