.png?locale=fr)
Alsharq Tribune- Mohamed Otaify
Lundi noir sur les Bourses. Les marchés en Asie-Pacifique dévissent ce lundi face à l’inflexibilité du président américain Donald Trump sur les droits de douane qu’il a imposés au reste du monde. Chutes en milieu de journée de 12% à Hong Kong, du jamais vu en plus de 16 ans, de 9,7% à Taipei, de 8,7% à Shenzhen, de 6,4% à Tokyo, de 7,7% à Shanghai, de 4,9% à Séoul ou encore de 3% à Bombay : les premières Bourses à ouvrir après l’entrée en vigueur samedi des droits de douane punitifs américains ont été prises de panique.
L'Europe ne fait pas figure d'exception : peu après l'ouverture à 9 h 00 CET le CAC40 français perdait près de 6 %, le même son de cloche chez Euro Stoxx 50. Le DAX allemand s'enfonçait au-delà de la marque des 6%, le FTSE 100 britannique avoisinait les -5%, la même fourchette des pertes est également constatée chez l'IBEX 35 espagnol et le FTSE MIB italien.
Le mouvement est d’autant plus brutal que la Chine a répliqué et annoncé vendredi, alors que nombre de places financières asiatiques avaient déjà fermé pour le week-end, ses propres droits de douane, alimentant les risques d’escalade destructrice pour l’économie mondiale.
De son côté, le président américain Donald Trump a insisté sur le fait qu'il n'avait pas délibérément déclenché l'effondrement des marchés et a réaffirmé son objectif d'éliminer le déficit commercial des États-Unis. "Je ne veux pas que les choses se dégradent, mais il faut parfois prendre des médicaments pour réparer quelque chose", a déclaré M. Trump avant de monter à bord d'Air Force One au cours du week-end. "Nous devons résoudre notre déficit commercial avec la Chine", a-t-il poursuivi. "Nous avons un déficit commercial de mille milliards de dollars avec la Chine, soit des centaines de milliards de dollars par an que nous perdons. Tant que nous n'aurons pas résolu ce problème, je ne conclurai pas d'accord.
M. Trump a également exigé des réparations financières de la part de l'Europe : "nous avons imposé des droits de douane importants à l'Europe. Ils viennent à la table ; ils veulent parler, mais il n'y aura pas de discussion tant qu'ils ne nous paieront pas beaucoup d'argent sur une base annuelle - pas seulement pour le présent, mais aussi pour le passé." La semaine dernière, le président a déclaré qu'il était ouvert aux négociations si les autres pays offraient quelque chose de "phénoménal".
Les contrats à terme sur les actions américaines ont continué leur chute, laissant présager une ouverture en forte baisse ce lundi. À 4 h 45, heure d'Europe centrale, les contrats à terme du S&P 500 étaient en baisse de 3,5 %, ceux du Nasdaq de 4,5 % et ceux du Dow Jones Industrial Average de 2,9 %. Entre-temps, l'indice de volatilité CBOE (VIX), communément appelé la "jauge de la peur" de Wall Street, a bondi de 51 % la semaine dernière pour dépasser 45, un niveau jamais atteint depuis 2020 et qui n'a été touché que brièvement en août dernier.
La chute brutale de l'économie américaine devrait se répercuter sur les marchés européens, les dirigeants de l'UE préparant des contre-mesures contre les droits de douane considérables de M. Trump. "La note de ce matin sera déprimante. À ce stade, je suis rapidement à court d'adjectifs pour décrire à quel point le sentiment devient morose et à quel point les perspectives économiques semblent désormais sombres. De plus, il est probable que ces deux éléments s'aggravent considérablement avant de s'améliorer", a écrit Michale Brown, analyste principal chez Pepperstone London, dans une note.
Les indices européens ont également chuté la semaine dernière : l'Euro Stoxx 600 a perdu 7,4 %, le DAX allemand 6,9 % et le CAC 40 français 7,1 %.
Dans la tourmente des marchés, les investisseurs se sont tournés vers les valeurs refuges traditionnelles, faisant grimper l'euro, le yen japonais, le franc suisse et les obligations d'État.
L'euro a bondi par rapport au dollar américain pour dépasser 1,10 à un moment donné la semaine dernière, marquant ainsi un plus haut de six mois. Le duo EUR/USD s'est stabilisée au-dessus de 1,09 au cours de la session asiatique de lundi, après le recul de vendredi. Parallèlement, le yen et le franc suisse se sont également renforcés pour atteindre leurs plus hauts niveaux face au dollar depuis octobre 2024.
Les obligations d'État américaines se sont fortement redressées à la suite de la chute des rendements, le rendement du Trésor à 10 ans tombant sous la barre des 4 % pour la première fois depuis octobre 2024. En Europe, le rendement des obligations allemandes à 10 ans est également tombé à son plus bas niveau depuis quatre mois.
Cependant, les contrats à terme sur l'or ont baissé au début de la journée de lundi, prolongeant les pertes subies depuis le sommet historique de la semaine dernière, les investisseurs ayant vendu le métal pour couvrir les pertes sur les actions. Malgré ce recul, les analystes s'attendent à ce que l'or reste l'actif refuge le plus performant dans le contexte actuel.
.jpg?locale=fr)
