Alsharq Tribune- Energie
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé mardi une baisse de 15% de son bénéfice net au troisième trimestre par rapport à la même période de l'année dernière, en raison de la faiblesse des prix du pétrole et d'une réduction de la production. Le bénéfice net s'élève à 27,56 milliards de dollars contre 32,58 milliards de dollars au troisième trimestre 2023, un recul qui "reflète principalement l'impact de la baisse des volumes de pétrole brut vendus et l'affaiblissement des marges de raffinage", a indiqué la société dans un communiqué publié à la Bourse saoudienne.
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, produit actuellement environ 9 millions de barils par jour (mbj), bien en deçà de sa capacité de 12 mbj. Ce chiffre relativement bas reflète une série de baisses de production remontant à octobre 2022. "Aramco a dégagé un bénéfice net solide (...) malgré la faiblesse des prix du pétrole", s'est toutefois félicité mardi dans un communiqué distinct son directeur général, Amin Nasser. Aramco est le joyau de l'économie saoudienne et la principale source de revenus du programme de réformes Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à préparer le royaume à l'après pétrole. Les profits de l'entreprise permettent à l'Arabie saoudite de financer des projets phares, notamment Neom, la mégapole futuriste en construction dans le désert. Aramco a enregistré des bénéfices records en 2022 après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a fait grimper les prix de l'or noir. Mais son bénéfice a chuté d'un quart l'année dernière en raison de la baisse des prix du pétrole et des réductions de production. Le bénéfice du premier trimestre de cette année a baissé de 14,5% et celui du deuxième trimestre de 3,4%.
"Risque géopolitique au Moyen-Orient" Alors que certains analystes avaient prédit une augmentation du prix du baril de brut en raison des incertitudes concernant une extension du conflit dans la région, "les marchés semblent écarter le risque géopolitique au Moyen-Orient", assure Amena Bakr, analyste chez Energy Intelligence. A moins d'une "perturbation de l'approvisionnement", il y a "peu de chance que les prix augmentent", dit-elle. Le cours du baril de Brent, référence mondiale du pétrole, s'élevait à 75 dollars mardi. Un prix bien en dessous des 96,2 dollars le baril qui, au niveau actuel de production, permettrait à l'Arabie saoudite de maintenir son équilibre budgétaire, selon le Fonds monétaire international (FMI). En octobre, le président américain, Joe Biden, avait appelé Israël à épargner les sites pétroliers iraniens dans ses attaques contre l'Iran.
"Certains sur le marché estiment que, à l'approche des élections américaines, des efforts ont été déployés pour maintenir les prix bas", indique Mme Bakr, en référence à la présidentielle de mardi aux Etats-Unis. La baisse annuelle du bénéfice d'Aramco "ne surprend pas le gouvernement, qui a déjà revu à la baisse ses prévisions de recettes pour cette année en raison de la faiblesse des marchés pétroliers", estime Jamie Ingram, de la publication spécialisée Middle East Economic Survey. Déficit budgétaire Dimanche, l'Arabie saoudite et sept autres membres du bloc des producteurs de pétrole de l'Opep+ ont annoncé étendre jusqu'à fin décembre une réduction de la production de 2 mbj annoncée en novembre 2023 en vue de faire remonter les prix.
Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite et la Russie, ont conclu en 2016 un accord appelé Opep+ pour mieux peser sur le marché. Le ministre saoudien des Finances a déclaré prévoir un déficit budgétaire d'environ 2,3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2025, qui devrait se creuser les deux années suivantes. Aramco a annoncé l'année dernière qu'elle commencerait à verser un dividende basé sur la performance en plus de son dividende de base. Mardi, la société a annoncé maintenir le versement d'un dividende de base pour le troisième trimestre d'un montant de 20,3 milliards de dollars et d'un dividende lié à la performance de 10,8 milliards de dollars qui sera versé au cours du quatrième trimestre. La participation de l'Etat saoudien dans Aramco, l'une des plus grandes entreprises au monde en terme de capitalisation boursière, est d'environ 81,5%.