Écrit par : Mohamed Al-Otaify
Sarah Benkraouda
Personne ne pourrait imaginer, en zappant sur les chaînes satellites, l'ampleur de la joie que vivent les habitants de Gaza et les familles des prisonniers israéliens détenus par le Hamas, dans un conflit qui a duré bien plus longtemps que quiconque n'aurait cru possible.
Cette guerre a fait disparaître toutes les valeurs humaines, et la haine s’est imposée, justifiant des actes de vengeance indescriptibles.
Le mécanisme de la guerre ne fait de distinction entre personne… morts, blessés, orphelins, destructions, dévastations, océans de sang. Des déplacements forcés, de la peur, voire de la terreur. Il n'y a aucune différence entre les maisons détruites sur les têtes de leurs habitants et les abris bondés d’espoir, cherchant à survivre.
C'est une guerre qui ignore le mot "pitié", ce terme que nous répétons sans cesse.
Les erreurs d'un groupe sont portées par tout un peuple, et dans ces moments-là, des peuples dansent et chantent dès qu’un cessez-le-feu est annoncé après plus d’un an de combats.
On ne peut pas dire que des principes humains aient été respectés de part et d’autre, ni que des conventions aient été appliquées dans une guerre qui n’a cessé de devenir de plus en plus violente .
Le monde est plongé dans un désespoir collectif, entre partisans et opposants.
Il y a eu des occasions d'arrêter la guerre lors de l'échange de prisonniers, où les larmes ont coulé entre les détenus et leurs familles, même lorsqu’ils faisaient leurs adieux à leurs bourreaux, offrant ainsi un exemple de ce que l'humanité pourrait être.
Des politiciens du monde entier ont témoigné. Mais ensuite, les politiques sont devenues plus cruelles, et la brutalité a atteint des niveaux où il semblait que l'humanité elle-même était en train de disparaître .
Les droits des prisonniers ont été bafoués dans les prisons, certains ont été tués par balles et maltraités loin de toute norme éthique.
Les chaînes de télévision se sont réjouies de la diffusion de nouvelles qui auraient dû rester silencieuses pour préserver les valeurs humaines.
Des enfants ont survécu tandis que leurs parents sont morts. De nombreuses maisons ont été réduites en ruines, leurs habitants devenant des cadavres.
Les villes ont été transformées en décombres. Les cadavres sont foulés par des animaux, des cris et des pleurs envahissent l’air, tandis que le sang coule. Il n'y a ni nourriture, ni eau, ni médicaments.
Le monde entier semble figé dans un état de paralysie, où seul le bruit des balles se fait entendre et l'odeur de la poudre se répand. Voilà notre réalité, inscrite dans cette page historique que nous devons laisser en héritage aux générations futures . Elle témoignera de la disparition de l’honneur et de l’éthique humaines.
Nous avons traversé une expérience douloureuse qui a déséquilibré le monde. Ce qui était autrefois moral est devenu permis.
Cela prouve que nous entrons dans une ère où seule la force compte, et où des valeurs humaines anciennes semblent disparaitre.
Nous avons vu la faim et la soif sur cette terre, qui subvenait aux besoins de ses habitants sans recevoir l’aide de quiconque, tandis que les navires transportant de la nourriture pour le peuple israélien étaient bombardés ou arrêtés dans la mer Rouge, empêchant ainsi l’aide d’atteindre les innocents, tout comme à Gaza.
Le monde a été témoin des déplacements forcés de populations innocentes, des peuples sans défense, soumis à la violence, que ce soit de la part du Hamas ou d'Israël.
Le tableau est cruel, déchirant, et il a extirpé toutes les significations humaines. Je n’ai pas trouvé de comparaison entre notre monde et d’autres mondes, même dans l’univers des démons et des esprits.
Les personnes âgées, malades, les enfants, et même les hôpitaux traitant les malades n’ont pas échappé à la langue de la guerre qui les menaçait de feux d’armes.
Dans ces moments où nous ressentons la joie de l’annonce du cessez-le-feu, nous ne voulons pas parler des chiffres des morts et des blessés des deux côtés, ni des pertes subies.
N’est-ce pas une leçon pour nous conduire vers un autre monde, un monde de sourire, de bienveillance et de paix ?
Dans notre monde, nous devons apprendre de cette expérience et planifier un avenir commun où nous laisserons derrière nous la haine, la rancune et les guerres. Nous devons tracer un nouvel avenir, après avoir pris conscience de cette catastrophe.
Si nous posions la question : "Qui en profite ?"
La vérité est que la guerre a toujours un vainqueur, et le vainqueur impose ses conditions . Mais nous ne voulons pas discuter des conditions qui ont mis fin à la guerre, ni de savoir qui est le vainqueur.
Ce dont nous parlons ici, c’est de créer un monde sans guerres .
Voilà la guerre qui a duré plus d’un an, et nous voyons de nos propres yeux l'ampleur des destructions dans plusieurs domaines : l'urbanisme, l’économie, l’environnement et la politique.
Nous voyons les dégâts tangibles sur le terrain, tout en étant témoins de la danse et de la joie des peuples suite à l'annonce de la fin des hostilités.
Ici, nous parlons de sociétés sûres, qui croient en la paix et dans une vie digne, capable de leur offrir le bonheur, l'échange d'expériences et les bienfaits de la création humaine, sans peur ni obstacles limitant leur désir d'un avenir radieux, où ils peuvent réaliser leurs rêves et ambitions, loin de l’ombre des guerres et de la haine .
Cette guerre doit d’abord pointer ceux qui en sont responsables, et les réponses des adversaires face à leurs excès.
Ce dont nous avons besoin, c’est d'une nouvelle constitution internationale qui limiterait les conflits et mettrait un terme à la haine qui entraîne les guerres et les luttes .
Nous rêvons d’une génération, voire de deux, qui ne verrait ni guerres ni conflits, mais une vie tranquille, sans les images sanglantes que nous avons vues dans la guerre de Gaza, ou même dans la guerre en Ukraine .
Le monde attend-il que l’intelligence artificielle rédige cette constitution pour nous ? Ou pouvons-nous l’écrire nous-mêmes, à travers cette expérience amère que nous avons vécue et dont nous avons été témoins ?
Ô Dieu, j’ai transmis le message… que le monde en soit témoin...