Alsharq Tribune-AFP
Le président français Emmanuel Macron, actuellement en visite à Londres, a mis en avant mardi la solution à deux Etats pour résoudre le conflit à Gaza, affirmant que la reconnaissance de l'Etat de Palestine était la "seule voie vers la paix".
S'exprimant devant le Parlement britannique lors de la première journée de sa visite d'Etat, il a assuré que la solution à deux Etats permettrait à Israël de vivre "en paix et en sécurité aux côtés de ses voisins". Il a également demandé la libération de tous les otages et exhorté toutes les parties à œuvrer ensemble pour la paix au Moyen-Orient.
Selon M. Macron, une "guerre sans fin" représente une "menace énorme" pour la région, et le Royaume-Uni et la France, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies profondément attachés au multilatéralisme, "doivent une fois de plus montrer au monde que leur alliance peut faire toute la différence".
Toutefois, si Londres et Paris soutiennent toutes deux une solution à deux Etats, aucun accord n'a encore été trouvé sur le calendrier de la reconnaissance d'un Etat palestinien.
Parallèlement, le chef de l'Etat français a exhorté les deux pays, les seuls en Europe à posséder l'arme nucléaire, à renforcer leur coopération en matière de défense et de sécurité face aux "alliances hésitantes et au retour de conflits majeurs" en Europe.
Concernant l'immigration clandestine, il a déclaré : "Nous ne pouvons tolérer que les règles d'accueil de nos pays soient bafouées et que des réseaux criminels exploitent cyniquement les espoirs de tant de personnes", qualifiant cette question de "fardeau" pour les deux pays.
Malgré un financement conjoint et une coopération étroite, près de 20.000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni depuis la France en traversant la Manche sur de petites embarcations depuis le début de l'année, soit une augmentation de 50 % par rapport à la même période de 2024. Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer subissent une pression intense dans leur pays, en raison d'un discours politique d'extrême droite et anti-immigration.
Selon M. Macron, le Royaume-Uni et la France ont la responsabilité de lutter contre l'immigration clandestine "avec humanité, solidarité et fermeté". On ignore cependant encore si les deux pays parviendront à un nouvel accord pour lutter contre l'immigration clandestine lors de la visite de trois jours d'Emmanuel Macron, qui a entamé mardi sa visite d'Etat au Royaume-Uni, la première d'un président français depuis 2008. Il est également le premier dirigeant européen à effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni depuis le Brexit.
Il a également souligné les liens du Royaume-Uni avec l'Union européenne malgré le Brexit, notant que les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et la France ont "dépassé les niveaux d'avant le Brexit".
M. Macron a annoncé que la France devrait consentir des investissements supplémentaires lors du sommet franco-britannique qui se tiendra plus tard cette semaine pour entrer dans une "nouvelle ère" de coopération dans les domaines de l'énergie et de l'espace.
"La seule façon de surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés, les défis de notre époque, est d'avancer ensemble, main dans la main, côte à côte", a-t-il dit.
La visite du président français intervient également dans un contexte de conflit russo-ukrainien et de troubles au Moyen-Orient, avec en outre l'imprévisibilité de l'administration du président américain Donald Trump.
Cependant, selon les observateurs, la confiance reste encore à instaurer, les deux pays s'efforçant de restaurer des relations qui se sont détériorées lors des négociations sur le Brexit, que le président français a qualifiées de "mensonges et de fausses promesses". Le dialogue entre les deux pays s'est aussi affaibli suite à d'âpres disputes concernant les droits de pêche et les contrats de sous-marins britanniques avec l'Australie.
De son côté, Sébastien Maillard, expert au sein du groupe de réflexion Chatham House basé à Londres, a déclaré que, de part et d'autre, "le souvenir de ces moments difficiles n'a pas disparu". "La confiance a besoin de temps pour se construire", a-t-il noté.