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(Multimédia) En plein virage post-Brexit, le Royaume-Uni veut resserrer ses liens avec la France et l'Allemagne (SYNTHESE)

(Multimédia) En plein virage post-Brexit, le Royaume-Uni veut resserrer ses liens avec la France et l'Allemagne (SYNTHESE)

Alsharq Tribune-AFP 

Au Victoria and Albert Museum (V&A), pavoisé aux couleurs du Royaume-Uni et de l'Allemagne, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont signé jeudi un vaste accord bilatéral couvrant des domaines tels que la défense et la migration.

Le sommet s'est déroulé dans la foulée de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron la semaine dernière. Ensemble, ces développements marquent un renouveau discret mais significatif du groupe trilatéral connu sous le nom de E3 -- comprenant le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne -- dans un contexte de turbulences mondiales croissantes.

Formé à l'origine comme une coalition ad hoc axée sur le programme nucléaire iranien, le groupe E3 réapparaît aujourd'hui comme un pilier essentiel de la diplomatie européenne en matière de sécurité. Comme l'a noté vendredi le groupe de réflexion britannique Chatham House, le groupe est "de retour au cœur de la sécurité européenne".

 

LE VIRAGE POST-BREXIT

 

Pour de nombreux observateurs, ce changement signale une nouvelle orientation stratégique impulsée par le gouvernement travailliste, M. Starmer cherchant à stabiliser et à reconstruire les liens autrefois rompus entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) au lendemain du Brexit.

Comme l'a observé Iain Begg, professeur à la London School of Economics, la séquence d'événements -- qui commence par la "réinitialisation" avec l'UE en mai, suivie de la visite d'Etat de M. Macron début juillet, et qui culmine avec le "traité de Kensington" entre le Royaume-Uni et l'Allemagne -- augure de meilleures relations, globalement, entre le Royaume-Uni et l'Union après les divisions précipitées par le Brexit.

"L'E3, un forum diplomatique flexible entre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, a repris de l'importance dans le sillage du Brexit", indique l'article de Chatham House.

Cette tendance reflète également un changement d'opinion publique, qui a été révélé dans une enquête menée jeudi par le groupe de réflexion British Foreign Policy Group basé à Londres. Selon les résultats de l'enquête, le public britannique est de plus en plus déçu de la "relation spéciale", autrefois saluée, avec les Etats-Unis, en particulier sous le président Donald Trump. Face à une incertitude stratégique et à des politiques américaines erratiques, de nombreux Britanniques regardent à nouveau de l'autre côté de la Manche.

La confiance du public britannique envers les Etats-Unis a fortement chuté, passant de 53% en 2024 à seulement 38% en 2025, tandis que plus de 60% des Britanniques soutiennent désormais des liens plus étroits avec l'Union européenne, motivés en partie par des inquiétudes au sujet de la gouvernance de Donald Trump.

Surnommé Traité de Kensington, le nouvel accord germano-britannique réaffirme la coopération entre les deux pays à travers toute une gamme de sujets : un engagement partagé à limiter l'élévation de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels ; renforcer le commerce bilatéral dans le cadre des accords existants entre l'Union européenne et le Royaume-Uni ; et faire progresser la coopération en matière de sécurité et de défense, notamment avec des exercices militaires conjoints, une lutte contre les cybermenaces et la guerre de l'information, et la coordination des exportations d'armes.

Selon Chatham House, bien que plus modeste dans sa portée que l'accord franco-britannique signé la semaine dernière, où figure notamment une déclaration nucléaire conjointe sans précédent plaidant pour une coordination des dissuasions nucléaires indépendantes des deux pays, le traité de jeudi "a ancré l'E3 en tant que pilier central de la sécurité européenne".

 

UN CONTREPOIDS A L'IMPREVISIBILITE AMERICAINE

 

Dan Hough, professeur de politique à l'Université du Sussex, a déclaré à Xinhua qu'il y a aujourd'hui "une véritable impulsion pour travailler de manière constructive sur les questions où ils n'avaient pas à travailler de manière constructive dans le passé parce que l'influence américaine était tellement forte".

"Cependant, étant donné le comportement de Donald Trump à la Maison Blanche, nous ne pouvons plus compter sur cela", a-t-il ajouté.

De plus, avec un engagement américain envers l'OTAN qui n'est plus garanti, en particulier sous l'influence de Donald Trump, l'E3 est de plus en plus considéré comme un "cercle d'amis" autonome capable d'agir dans l'intérêt stratégique de l'Europe, a de son côté souligné John Bryson, professeur et expert en géographie économique à l'Université de Birmingham.

Vasilis Petropoulos, chercheur à la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère et ancien élève de l'école Fletcher à l'Université Tufts, a également noté que "si le premier mandat de Donald Trump a pu offrir aux Européens un rappel à la réalité nécessaire, c'était la désillusion quant à la viabilité de leur dépendance à l'égard des Etats-Unis".

Cependant, contrairement aux traités formels ou aux institutions supranationales, l'E3 reste un arrangement délibérément flexible. Il permet malgré tout aux trois plus grandes puissances militaires et économiques d'Europe de se coordonner rapidement sur la politique étrangère, la défense et les migrations, et cela sans les charges procédurales de Bruxelles, a déclaré le groupe de réflexion britannique dans "Une Europe en mutation".

Dan Hough a également souligné que, des systèmes d'échange de jeunes et des réformes des visas à la planification conjointe de la défense et au soutien à l'Ukraine, "la phase actuelle de la diplomatie britannique est définie par le réalisme, pas par la nostalgie".

"Cela ne suffit pas en soi pour combler les lacunes entre l'Union européenne et l'OTAN qui ont été créées par le Brexit", a indiqué Chatham House.

 

Iain Begg a pour sa part noté que tout sentiment que ces traités pourraient ouvrir la voie au Royaume-Uni pour rejoindre le marché unique, sans parler de l'Union européenne, est déplacé.

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