Alsharq Tribune- AFP
Près d'une semaine après sa nomination, au terme d'une première série de consultations, le nouveau Premier ministre français François Bayrou convie les forces politiques, mais pas la gauche radicale ni l'extrême droite, jeudi à Matignon, avant de finaliser son gouvernement avec Emmanuel Macron.
Le centriste a succédé vendredi à Michel Barnier, renversé après seulement trois mois en poste par une censure historique votée par des députés de gauche et d'extrême droite. François Bayrou est ainsi devenu le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024, une instabilité de l'exécutif que n'avait pas connue la France depuis des décennies.
Le nouveau Premier ministre invite à 14h00 locales les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, ainsi que "les présidents de partis et de groupes qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à une autre de la Ve République", écrit-il dans une lettre.
Une formulation qui exclut le Rassemblement national et son allié, l'UDR d'Eric Ciotti, ainsi que La France insoumise (LFI - gauche radicale), fondée en 2016. François Bayrou "méprise le Rassemblement national et ses millions d'électeurs", a fustigé le vice-président du parti Sébastien Chenu. L'accueil est également frais chez certains invités.
Après avoir réservé leur participation, les Écologistes ont fait savoir jeudi matin qu'ils se rendraient à Matignon, en appelant toutefois à ne pas poursuivre une politique "désavouée par les électeurs".
Même tonalité chez les communistes, qui entendent également "exhorter le Premier ministre à accélérer l'aide aux habitants de Mayotte", archipel français de l'Océan indien dévasté par un cyclone meurtrier.
Les premiers pas du Premier ministre sont "complètement ratés", a-t-elle commenté mercredi sur la chaîne BFMTV. Il est "la risée des Français" depuis son aller-retour dans sa ville de Pau (sud-ouest de la France), en pleine crise à Mayotte.
Nommé vendredi, à l'issue d'une matinée de tension dans le bureau d'Emmanuel Macron, François Bayrou reçoit depuis responsables politiques et parlementaires en entretiens officiels ou plus informels. Mais sa première semaine à Matignon a surtout été marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au Conseil municipal de Pau, ville dont il entend rester maire.
Emmanuel Macron étant jeudi à Mayotte, avant de se rendre ensuite auprès des troupes françaises à Djibouti, plusieurs acteurs évoquent une annonce de gouvernement dimanche. Mais les deux maisons de l'exécutif français ne donnent aucune date.
Dans sa lettre aux partis, M. Bayrou invoque, parallèlement à la crise politique et budgétaire, la situation de l'archipel de l'océan Indien, qui a subi "probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles".
Sans majorité à l'Assemblée, le centriste, qui prône depuis des décennies un gouvernement rassemblant les diverses sensibilités, fait face pour l'heure aux exigences appuyées des Républicains (LR) à droite et à des velléités de censures croissantes à gauche.
Le format de réunion convoqué jeudi par le Premier ministre rappelle celui d'il y a neuf jours autour d'Emmanuel Macron à l'Elysée, où avaient été évoqués des scénarios de non-censure des oppositions, en échange d'une absence de recours au 49.3 par le gouvernement ou à la dissolution par le président.
Le Premier ministre ne recueille que 36% de satisfaction selon un sondage Ifop pour Sud Radio jeudi, contre 52% et 53% pour ses prédécesseurs Michel Barnier et Gabriel Attal, à leurs débuts à Matignon.