Alsharq Tribune- Mohamed Otaify
Alors que la crise de la faim à Gaza s’aggrave, des gangs organisés volent une grande partie de l’aide qu’Israël autorise à entrer dans l’enclave, opérant librement dans les zones contrôlées par l’armée israélienne, selon des responsables de groupes d’aide, des travailleurs humanitaires, des sociétés de transport et des témoins, a rapporté lundi 18 novembre le Washington Post.
Des bandes d’hommes armés ont tué, battu et kidnappé des chauffeurs de camions d’aide dans la zone autour du passage de Karm Abou Salem en Israël, le principal point d’entrée dans le sud de Gaza, rapporte le journal citant des travailleurs humanitaires et des sociétés de transport.
Une note interne des Nations Unies obtenue par le Washington Post concluait le mois dernier que les gangs « pourraient bénéficier d’une bienveillance passive, voire active » ou d’une « protection » de la part des Forces de défense israéliennes. L’un des chefs de gang, selon la note, a établi un « complexe de type militaire » dans une zone « restreinte, contrôlée et patrouillée par l’armée israélienne ».
Les organisations humanitaires affirment au Washington Post que les autorités israéliennes ont rejeté la plupart de leurs demandes de meilleures mesures de protection des convois, notamment des appels à des itinéraires plus sûrs, des passages plus ouverts et la permission à la police civile de Gaza de protéger les camions.
Lors du dernier incident majeur, 98 des 109 camions transportant l’aide alimentaire de l’ONU en provenance de Kerem Shalom ont été saccagés par des hommes armés dans la nuit de samedi à dimanche, selon les agences humanitaires de l’ONU. La population entière de Gaza est désormais confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, a constaté ce mois-ci un groupe d’experts soutenu par l’ONU.
Le pillage est devenu le plus grand obstacle à la distribution de l’aide limitée qui y parvient, selon un responsable américain cité par le Post et qui a ajouté que le Hamas n’était pas derrière les attaques – une évaluation largement partagée par ceux qui opèrent sur le terrain.
En mai, Israël a saisi et fermé le poste frontière de Rafah avec l’Egypte – qui était la principale artère vitale de Gaza – réduisant ainsi le nombre de camions d’aide pouvant entrer dans l’enclave. La majorité du trafic humanitaire s’est déplacé vers le poste frontière israélien de Kerem Shalom, qui mène à une partie du sud de Gaza où de puissantes familles bédouines, certaines impliquées dans le crime organisé, ont longtemps régné.