Alsharq Tribune - Said Ahmed
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a envoyé mardi une lettre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour demander le maintien de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). "La loi telle que nous la comprenons donne 90 jours avant d'entrer en vigueur. Nous sommes en contact avec les autorités israéliennes. Le secrétaire général (...) a envoyé une lettre il y a quelques heures au Premier ministre israélien pour souligner ses inquiétudes, les questions soulevées au regard du droit international", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric, espérant que la loi votée par le parlement israélien lundi qui interdit l'agence en Israël ne sera "pas appliquée". Dans la lettre vue par l'AFP, Antonio Guterres répète que si la loi est appliquée, cela aura des "conséquences dévastatrices" sur les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, étant donné qu'"il n'y a actuellement aucune alternative réaliste à l'Unrwa qui pourrait fournir de façon adéquate les services et l'assistance requise". "J'en appelle à vous et au gouvernement d'Israël pour empêcher de telles conséquences dévastatrices et pour permettre à l'Unrwa de poursuivre ses activités dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem Est, en respect des obligations liées au droit international". L'agence a été créée en décembre 1949 par l'Assemblée générale des Nations unies dans le sillage du premier conflit israélo-arabe, peu après la création d'Israël en mai 1948. Jugée irremplaçable par l'ONU, elle est la bête noire d'Israël. Antonio Guterres souligne dans sa lettre qu'en vertu du droit international, "une puissance occupante" doit mettre en place les mécanismes destinés à aider la population des territoires occupés. Puisque "la cessation des activités de l'Unrwa laisserait les réfugiés palestiniens sans l'aide essentielle dont ils ont besoin", Israël, "en tant que puissance occupante, continue de devoir s'assurer que les besoins de la populations sont remplis", insiste le secrétaire général, estimant qu'Israël est liée dans ses obligations envers l'Unrwa par un accord conclu avec l'ONU en 1967 et par la Convention sur les privilèges et immunités des Nations unies "qui s'applique à l'Unrwa". "Israël ne peut pas invoquer les provisions de sa loi nationale", y compris la loi votée pour interdire l'Unrwa, "comme justification pour son échec à remplir ses obligations en vertu du droit international", écrit Antonio Guterres, qui s'engage à informer l'Assemblée générale de l'ONU pour qu'elle puisse prendre "les actions appropriées", évoquant notamment une éventualité de recours à la Cour internationale de Justice.