Alsharq Tribune- Ahmed Essam
Depuis la chute de Bachar al-Assad en 2024, Damas vit son premier Ramadam, marqué par des mesures strictes imposées par le gouvernement intérimaire. Alors que certains saluent ce retour aux traditions, d’autres redoutent une islamisation accrue du pays.
Les habitants de Damas connaissent leur premier Ramdam sans la famille al-Assad au pouvoir depuis plus de cinq décennies. Si certains restaurants et cafés sont restés ouverts, la plupart ont fermés, conformément aux nouvelles mesures imposées par le gouvernement intérimaire.
Le ministère intérimaire syrien des dotations religieuses a ordonné que tous les restaurants, cafés et stands de nourriture de rue soient fermés pendant la journée, et interdit de manger et de boire en public. Il a également imposé des sanctions comprenant des amendes et des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois mois.
"Cette année, après la chute du régime, l'interdiction de rompre le jeûne en public a été confirmée à de nombreuses reprises et les contrevenants risquent l'emprisonnement", explique Munir Abdallah, un habitant de la capitale syrienne. "Les rituels du ramadan doivent être observés dans tous leurs aspects", ajoute-t-il, saluant cette nouvelle application des traditions.
Un autre habitant, Mohammad Kousa, se félicite également de ce retour aux traditions. "Avant la chute (du régime d'Al-Assad), le dernier ramadan ne ressemblait même pas à un ramadan. On ne pouvait pas vraiment le dire. Mais maintenant, c'est évident. Les restaurants sont fermés, les gens ne rompent pas ouvertement le jeûne", témoigne-t-il.
Il poursuit en précisant : "Vous pouvez voir que personne ne fume et que personne ne mange dans la rue. Avant, nous avions à peine l'impression que c'était le Ramadan."
Cette rupture avec le passé est perçue par certains comme un retour aux valeurs profondes du Ramadan. Cependant, certains craignent que la Syrie dirigée par Ahmed al-Sharaa ne devienne un État islamique.
Le ministre intérimaire des affaires religieuses, Hussam Haj-Hussein, a toutefois tenté de dissiper ces inquiétudes en déclarant : "Cette année, le ramadan a une nouvelle saveur. C'est le Ramadan de la victoire et de la libération."
Ahmed al-Sharaa qui a pris le pouvoir à titre intérimaire après la chute d'Assad, a assuré à la communauté internationale qu'il respecterait les diverses religions et sectes de la Syrie, qu'il n'entraverait pas les libertés individuelles et qu'il n'imposerait pas une gouvernance religieuse. Néanmoins, la crainte demeure quant à l'application stricte des sanctions liées au respect des traditions du Ramadan.
Certains redoutent que cette rigueur n'incitent les syriens à s'abstenir de manger ou de boire en public par crainte de représailles.
Le mois de Ramadan, qui commence cette année samedi dans de nombreux pays, dont l'Arabie saoudite, l'Indonésie et la Syrie, est un moment de jeûne, de prière et de rassemblement pour les musulmans. Ce mois sacré marque le neuvième mois du calendrier lunaire islamique, et sa date de début est déterminée par l'observation du croissant de lune. Les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil, dans un acte d'adoration et d'empathie envers les moins fortunés.
Traditionnellement, les jeûneurs prennent un repas avant l'aube, appelé "suhoor", et rompent leur jeûne après le coucher du soleil avec un repas appelé "iftar".