Alsharq Tribune- Mohamed Otaify
Dans The Europe Conversation, Irakli Kobakhidze a défendu la loi sur la transparence mise en œuvre en Géorgie - fortement critiquée par l'ambassade américaine sous l'administration Biden -, affirmant qu’elle impliquait simplement de “soumettre les déclarations financières annuelles des ONG au ministère de la Justice de Géorgie”
Quant à la récente décision de la Maison-Blanche de suspendre le programme d’aide américaine USAID, le Premier ministre géorgien déclare : “Bien sûr, ces développements nous rendent très optimistes quant à un rétablissement du partenariat avec les États-Unis”.
Irakli Kobakhidze affirme par ailleurs qu’il souhaite rétablir le rôle stratégique de la Géorgie en tant que connecteur entre l'Europe et l'Asie.
"Nous aimerions renforcer le partenariat avec les pays concernés des deux côtés du commerce avec l'Europe, avec les États-Unis, et en même temps avec les pays du Caucase du Sud, d'Asie centrale et avec la Chine”, déclare-t-il, ajoutant : “Je pense que les tendances positives actuelles peuvent favoriser le rétablissement de notre fonction stratégique”.
Lors de sa première interview après que le pays du Caucase du Sud a mis en pause ses négociations d'adhésion à l'UE, le Premier ministre géorgien se dit très optimiste quant à la possibilité d'adhérer à l'UE d'ici 2030.
Il appelle cependant Bruxelles à être plus flexible dans les négociations d'adhésion à l'UE de la Géorgie, affirmant que la balle était dans le camp de Bruxelles et que l'Union devait être plus flexible dans son approche des nouveaux membres. Irakli Kobakhidze a été reconduit en novembre au poste de Premier ministre par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, dont la victoire contestée aux élections législatives d'octobre a déclenché des manifestations massives et conduit l'opposition à boycotter le parlement.
Les forces d'opposition, dont l'ancienne présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, qui revendique toujours le poste, ont condamné les résultats en les qualifiant de “falsification totale” du vote. En novembre, le Parlement européen a adopté une résolution condamnant le scrutin et appelant à la tenue de nouvelles élections sous supervision internationale.
Le parti au pouvoir depuis 2012 a nié tout acte répréhensible.
Dans le même temps, les manifestants et les critiques ont accusé le parti Rêve géorgien - créé par Bidzina Ivanishvili, un milliardaire qui a fait fortune en Russie et qui est largement considéré comme le dirigeant de facto du pays - de se détourner de l'Occident et de se rapprocher de Moscou.
Irakli Kobakhidze a déclaré à Euronews que la Géorgie n'avait “aucun espace pour restaurer les relations diplomatiques [avec la Russie] en raison de l'occupation de nos deux régions historiques"
Moscou a reconnu les régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie comme des États indépendants en 2008, après que les troupes russes ont repoussé une tentative géorgienne de reprendre l'Ossétie du Sud au cours d'une brève guerre. Les deux territoires séparatistes représentent 20 % du territoire géorgien.
“Cette intégrité territoriale est reconnue par la communauté internationale et nous devons bien sûr défendre nos intérêts nationaux à cet égard, mais notre vision est pacifique”, explique Irakli Kobakhidze, ajoutant qu'une “solution non pacifique est absolument impossible”.
Interrogé sur l'invasion de l'Ukraine lancée par la Russie en 2022 et sur la perspective d'un accord de paix, le Premier ministre géorgien considère qu'il n'y a “pas d'alternative” à un cessez-le-feu
L'Ukraine “souffre beaucoup", déclare-t-il, citant les pertes en vies humaines, les dégâts causés aux infrastructures et l'occupation par la Russie de vastes pans du territoire ukrainien.
"La communauté internationale devrait se concentrer pleinement sur la promotion de cet accord de cessez-le-feu et de la paix", affirme Irakli Kobakhidze. “C'est la clé de l'amélioration de la situation générale dans la région et dans le monde”.