Alsharq Tribune- Suivis
Après le bras de fer avec l'Ukraine et la main tendue à la Russie, l'ultimatum à l'Iran, l'ennemi juré des Etats-Unis ? Donald Trump a affirmé vendredi avoir écrit aux autorités iraniennes pour leur "proposer" des négociations concernant le programme nucléaire de Téhéran. Dans sa missive, le président américain aurait brandi la menace d'une intervention militaire.
"Je leur ai écrit une lettre en disant que j'espère que vous allez négocier parce que si on doit attaquer militairement, ce sera une chose terrible pour eux", a déclaré le milliardaire sur la chaîne Fox Business. "Vous ne pouvez pas les laisser avoir l'arme nucléaire", a-t-il ajouté, en précisant avoir écrit jeudi au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. A ce stade, la mission iranienne à l'ONU a toutefois fait savoir qu'elle n'avait pas reçu de courrier de Donald Trump mais la lettre pourrait avoir été transmise par d'autres canaux.
Le président Trump souhaite conclure un nouvel accord avec Téhéran pour remplacer celui dont il avait retiré les États-Unis lors de son premier mandat. Le président américain a souligné qu'il préférait adopter une approche pacifique et parvenir à un accord diplomatique sans avoir à recourir à la force. Il a également laissé entendre qu'il attendait des résultats "très bientôt".
"J'espère que nous pourrons conclure un accord de paix. Je ne parle pas de force ou de faiblesse. Je dis simplement que je préfère un accord de paix à une autre solution. Mais l'autre solution résoudra le problème", a déclaré le locataire de la Maison Blanche.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump se dit favorable à des négociations avec l'Iran pour encadrer son programme nucléaire.
Mais les États-Unis et Israël ont tous deux prévenu qu'ils ne laisseraient jamais l'Iran se doter d'une arme nucléaire, ce qui fait craindre une confrontation militaire car Téhéran enrichit de l'uranium à un niveau proche de celui de l'armement, ce que seuls les pays dotés de l'arme nucléaire peuvent faire.
Pour contraindre l'Iran à négocier, D. Trump a ordonné le renforcement des sanctions contre Téhéran visant spécifiquement les ventes de pétrole. Il a aussi remis en place la politique dite des "pressions maximales" mise en oeuvre lors de son premier mandat (2017-2021), afin d'affaiblir le pays économiquement et l'isoler sur la scène internationale.
Reste à savoir qu'elle sera la réponse de Téhéran. Dans un premier temps, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a rappelé que l'Iran ne reprendrait pas les négociations avec Washington tant que le président Trump resterait sur une position dure.
"Nous n'entamerons pas de négociations directes avec les États-Unis tant qu'ils maintiendront leur politique de pression maximale et leurs menaces", a déclaré le ministre.
Selon un rapport confidentiel de l'Agence internationale de l'énergie atomique cité par l'Agence France Presse, l'Iran aurait augmenté de manière "très préoccupante" ses réserves d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire alors que Téhéran affirme depuis des années que son programme nucléaire n'a été conçu qu'à des fins civiles.
Les Nations unies ont salué la démarche de Donald Trump auprès de l'Iran. "Par principe, nous réaffirmons que la diplomatie reste le meilleur moyen de garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole de l'ONU, dans un communiqué.
De son côté, le guide suprême Ali Khamenei a ouvert la porte à des pourparlers avec les États-Unis. Dans un discours en date du mois d'août dernier, il avait affirmé qu'il n'y avait "aucun mal à s'engager avec l'ennemi". Toutefois, plus récemment, il a fait marche arrière en déclarant que les négociations avec Washington n'étaient "ni intelligentes, ni sages, ni honorables", après que M. Trump a évoqué la perspective de pourparlers sur le nucléaire.
On ne sait pas non plus si M. Khamenei acceptera une lettre de M. Trump. En 2019, l'ayatollah a refusé d'accepter une lettre du président américain au cours de son premier mandat, par l'intermédiaire du Premier ministre japonais de l'époque, Shinzo Abe.
Khamenei avait alors déclaré qu'il ne considérait pas Trump personnellement "digne d'échanger des messages avec" et qu'il ne lui répondrait jamais.