Alsharq Tribune-Otaify
Ces dernières années, le développement de la puissance manufacturière chinoise et les transformations de la chaîne industrielle mondiale ont modifié les stratégies de développement des entreprises industrielles internationales en Chine.
Récemment, plusieurs entreprises françaises ont indiqué que la montée en gamme de la manufacture chinoise stimule les exportations à haute valeur ajoutée, notamment l'émergence de l'exportation d'équipements complets. Les mutations structurelles dans des secteurs comme la construction, l'automobile ou les énergies nouvelles offrent également de nouvelles opportunités.
Lors des 360 ans du groupe Saint-Gobain, Paul Sheng, PDG de la branche chinoise de l'entreprise, a souligné que le rôle de la Chine dans la manufacture mondiale a radicalement changé : désormais, le pays n'est plus seulement un site d'approvisionnement ou d'implantation de lignes de production européennes.
"Une tendance récente est l'exportation d'installations industrielles complètes par les entreprises chinoises, incluant la conception, la fabrication, le transport, l'installation et la mise en service. Ces projets représentent des commandes individuelles qui se chiffrent à des centaines de millions de yuans, allant de l'intégration des normes techniques à la fabrication d'équipements", a-t-il précisé.
Bien que naissante, cette tendance se développe rapidement, avec un cycle complet de moins de dix-huit mois. "Elle renforce la compétitivité internationale du secteur chinois de la fabrication d'équipements et crée de nouvelles sources de croissance pour Saint-Gobain", a-t-il ajouté. Les produits et technologies du groupe ont intégré ainsi les marchés d'Asie du Sud-Est et d'Europe.
Ludovic Weber, directeur général de Saint-Gobain Asie-Pacifique, a constaté les mutations structurelles du marché chinois, qui génèrent de nombreuses opportunités, à l'image de la demande en centres de données d'IA ou de l'émergence rapide des robots humanoïdes.
"La Chine est devenue un pôle d'innovation mondial et un moteur de croissance durable. Shanghai, siège pour la région Asie-Pacifique, est aussi l'une de nos principales bases R&D mondiales", a-t-il affirmé.
Les industries chinoises à forte croissance ouvrent d'autres perspectives : les matériaux et solutions hautes performances de Saint-Gobain sont largement utilisés dans la robotique, les semi-conducteurs ou le stockage d'énergie. "Composants modestes mais à haut degré de technicité, leur demande connaît une forte croissance. Nous collaborons déjà avec les acteurs majeurs chinois du secteur des robots humanoïdes", a-t-il ajouté.
D'autres groupes français, comme Arkema ou Michelin, saisissent également les chances offertes par cette transition industrielle, en établissant des écosystèmes locaux de R&D.
Michelin Polymers (Shanghai) coopère ainsi avec le Centre d'innovation pour la fibre de carbone et les composites du delta du Yangtsé dans les composites durables et à hautes performances, visant la R&D et l'industrialisation de matériaux non toxiques et à haute performance.
Arkema a, quant à lui, investi plus de 600 millions d'euros dans son site situé à Changshu, dans la province chinoise du Jiangsu (est). Au premier semestre, l'usine a accru sa capacité de production de peroxydes organiques, produits chimiques largement utilisés dans la pharmacie ou les articles de sport.