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Alsharq Tribune-Otaify
La France a vécu mercredi une journée politique clé, marquée par les ultimes négociations du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu et une motion de destitution du président de la République jugée irrecevable. Entre espoirs de compromis et blocages persistants, la crise institutionnelle s'est encore approfondie, laissant planer l'incertitude sur la gouvernance du pays.
Le Premier ministre démissionnaire a reçu successivement mercredi les socialistes, les écologistes et les communistes, cherchant à identifier des concessions mutuelles pour sortir de l'impasse.
Il s'est rendu au palais de l'Elysée à 18h pour restituer à Emmanuel Macron la conclusion des discussions qu'il a menées depuis 48 heures.
Invité du 20 heures de France 2 mercredi soir, le Premier ministre démissionnaire a acté la fin de sa mission arguant ne pas "courir après le job" de Premier ministre. "La situation permet de nommer un Premier ministre dans les 48 prochaines heures", a-t-il affirmé. L'Elysée a confirmé ce délai au cours de la soirée.
Un projet de budget pour 2026 pourrait être présenté en conseil des ministres lundi prochain, date butoir pour qu'il soit adopté d'ici la fin de l'année par le Parlement. Il "ne sera pas parfait" et devra être débattu, a déclaré M. Lecornu.
De nombreux problèmes restent à régler sur le dossier des retraites. "C'est une source de blocage. Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites", a indiqué le Premier ministre démissionnaire.
Menacé de censure lors de la discussion budgétaire qui s'ouvrait, l'ancien premier ministre François Bayrou avait sollicité un vote de confiance des députés le 9 septembre, et avait été renversé par 364 voix, contre 194. Pour lui succéder, Emmanuel Macron avait choisi un fidèle : Sébastien Lecornu, ministre des Armées depuis 2022, qui avait participé à tous les gouvernements macronistes depuis 2017. A 39 ans, il avait été chargé de composer un nouveau gouvernement, dévoilé près d'un mois après, le 5 octobre, avant de présenter sa démission le lendemain matin, estimant que "les conditions n'étaient plus remplies", en raison des tiraillements avec Les Républicains.
Mercredi matin, le bureau de l'Assemblée nationale a jugé irrecevable la motion de destitution du président de la République déposée par 104 élus de gauche. Pour Sébastien Lecornu sur France 2, "ce n'est pas le moment de changer de président de la République".
Selon des observateurs, il existe des inquiétudes concernant les répercussions économiques, avec une hausse des taux d'intérêt et une défiance accrue des marchés. La France pourrait entrer dans une période d'instabilité politique sans précédent, où chaque décision risque d'aggraver les tensions sociales et institutionnelles. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si la France peut retrouver une stabilité gouvernementale ou si elle s'enfonce dans une crise durable.
Renaud Pila, journaliste spécialiste de la vie politique, commente le fait que M. Lecornu conseille à Emmanuel Macron de "nommer une équipe déconnectée des ambitions présidentielles". "Il a totalement raison (même si c'est complexe) car en France, l'obsession présidentielle rend fou", juge le journaliste.
La question est à présent de savoir quelle stratégie Emmanuel Macron pourrait adopter pour nommer un Premier ministre capable de rassembler une majorité. La suspension de la réforme des retraites pourrait dans ce cas être le prix à payer pour éviter une dissolution.
