Alsharq Tribune- Suivis
La France a proposé mardi 29 avril de faire payer « des frais de gestion » sur chaque petit colis entrant en Europe, dès 2026, pour financer les contrôles appelés à se renforcer devant l’afflux de colis de faible valeur envoyés notamment depuis la Chine.
Les Chinois Temu et Shein figurent parmi les dix sites de commerce en ligne les plus visités en France, et la valeur moyenne d’un article acheté sur ces plateformes et importé dans le pays est de 8 euros.
L’objectif de Paris est de réduire l’afflux annuel d’environ 1,5 milliard de colis entrant sur son territoire, dont la moitié provient de Chine.
« Notre projet est le suivant : faire en sorte que nous protégions les Français et que les contrôles aient lieu », a déclaré Amélie de Montchalin, disant vouloir « financer des contrôles beaucoup plus massifs, même avant la mise en place des mesures de l’Union douanière que nous défendons ».
La ministre a précisé que cela se ferait « en faisant payer aux plateformes les contrôles qu’elles devraient faire elles-mêmes ».
Ces colis bon marché arrivant de Chine via le commerce électronique sont dans le viseur de l’UE depuis des mois. La Commission a adopté un plan d’action en février et prévoit d’évaluer son efficacité après un an.
Toutefois, l’exécutif européen a été critiqué le mois dernier par un groupe de ministres scandinaves pour avoir proposé des mesures trop faibles n’apportant pas de solutions concrètes.
Pour ce qui est du Conseil, les discussions sur une réforme douanière pour le commerce en ligne sont au point mort.
La ministre française a fait savoir que son homologue néerlandais était « très motivé » pour porter le projet avec elle, tandis les Allemands ont fait de cette question « une priorité de leur contrat de coalition ».
Ainsi, « la France, dans les prochaines semaines, réunira tous les ministres en charge de cette question au niveau européen pour que nous nous coordonnions, que nous agissions, que nous protégions notre économie, mais que surtout nous protégions les consommateurs qui parfois ne se rendent pas compte que derrière des prix défiant toute concurrence, ils se mettent eux-mêmes en danger » avec des biens enfreignant souvent, selon elle, des normes européennes.
Interrogé par l’AFP, le ministère des Comptes publics a indiqué qu’il s’agirait d’une réunion informelle des ministres européens chargés des douanes, mais dont les modalités n’ont pas encore été fixées.
Les « frais de gestion » proposés par la France se distinguent des droits de douane qui s’appliquent proportionnellement à la valeur de la marchandise importée.
Cette annonce intervient alors que la hausse des droits de douane voulue par le président américain Donald Trump, notamment sur les petits colis de Chine, fait craindre un afflux de ces derniers vers l’Europe.
Figure de la grande distribution en France, le dirigeant Michel-Edouard Leclerc a même évoqué une « invasion » de ces produits.